Au fil du temps...

Publié le 18 Juin 2010

Un fil qui se dévide si vite et sur lequel, telle une funambule, je m’aventure quotidiennement  avec attention et curiosité. Le projet avance bien, mais il génère tellement de rencontres, de lectures et de pistes de réflexion que je trouve difficilement le temps d’en rendre compte. Je vous parlerai aujourd’hui du dernier portrait réalisé, celui d’Andrée qui, à presque 90 ans, m’a fait part de ses engagements, de ses combats et de ce qui les a motivés. Avec une passion et une détermination intactes, Andrée a témoigné d’une vie construite sur une grande empathie avec tous les humains en souffrance. Elle a lutté contre le colonialisme, les guerres et toutes les formes d’injustice qu’elle a pu rencontrer. Un de ses combats a bien sûr été celui du féminisme car toute petite déjà elle questionnait et manifestait une grande indépendance d’esprit … Et une petite fille curieuse qui développe un esprit critique était vite cataloguée – à son époque mais encore trop souvent aujourd’hui – comme une fille «  à problèmes », qui ne marchait pas « dans les sentiers battus » dont on ne souhaitait pas voir sortir les filles. Cette stigmatisation juvénile due à son esprit critique et à sa vive intelligence ne l’a jamais quittée… Sociologue, André a été chercheur au CNRS. Son premier livre dans les années 50 s’intéressait au conditions de vie des travailleurs algériens en France, qu’elle a expérimentées au plus près, allant vivre dans les mêmes hôtels meublés pour mieux les comprendre et les entendre. Elle a écrit aussi sur l’importance du complexe militaro-industriel dans la politique internationale et l’économie mondiale. Son dernier livre, au début des années 2000, réclame la justice pour la Bosnie-Herzégovine dont elle nous rappelle très précisément le martyr et le rôle infamant de la France et de l’Europe qui ont complaisamment laissé se perpétrer des massacres de civils, de vieillards, de femmes et d’enfants à leurs portes, se positionnant plus ou moins clairement du côté du plus fort, au mépris du droit international le plus élémentaire.

Ne vous dîtes pas : « ce sont de vieilles histoires qu’elle nous ressort là… » Toutes les injustices qui ont été commises au cours des siècles derniers sur notre petite planète, et que le droit n’a jamais établies et jugées, sont le creuset de la plupart des conflits et injustices d’aujourd’hui… et de demain ! Cela me permet de rebondir sur une lecture très émouvante qui m’avait été faite précédemment par une jeune femme, celle d’un extrait des « Monologues du vagin » témoignant de la situation d’un groupe de femmes bosniaques violées pendant cette guerre en ex-Yougoslavie. L’imagination, la cruauté et la barbarie de leurs tortionnaires dépassant tout ce qu’on peut imaginer, on se demande comment les femmes peuvent survivre et se reconstruire après de telles tortures. Les questions posées par le viol des femmes restent aujourd’hui très présentes et problématiques puisqu’il reste largement répandu et pratiqué sur toute de part notre vaste monde. Dans les conflits ils sont quasiment systématiques et associés aux exactions et autres pillages qui accompagnent les déplacement des factions armées de tous poils (il y aurait beaucoup à dire aussi sur « les bordels de campagne » aménagés ici où là pour des armées occidentales « en mission »). Dans les pays dits « en paix » ils sont parfois largement pratiqués, comme en Afrique du sud ou aux Etats-Unis pour ne prendre que ces deux exemples aux chiffres effrayants. Et à ces chiffres on pourrait ajouter « le tourisme sexuel » de certains occidentaux qui vont se payer – dans tous les sens du terme – de la chair « fraîche » en Asie. Le viol reste le premier signe d’une guerre archaïque entre les sexes, d’une volonté de puissance et de domination des mâles sur les femelles. Loin de moi l’idée de mettre tous les hommes en accusation. Ils sont très nombreux à construire un comportement égalitaire et respectueux avec les femmes. Cependant il est de la responsabilité de tous les hommes de faire baisser le nombre de viols commis chaque année dans le monde. Aucune tolérance ne peut être acceptée, il n’y a jamais de circonstances atténuantes quand une femme dit « non », quelle que soit sa condition, même épouse ou prostituée. C’est une réflexion qui devrait être développée par tous aujourd’hui et trouver sa place dans l’éducation des jeunes car ce n’est que quand cette barbarie régressera vraiment de par la monde, ce dont elle ne prend pas le chemin aujourd’hui, que les relations entre les sexes pourront devenir réellement plus harmonieuses et que les femmes pourront se sentir libres, n’importe quand et partout, sans jamais avoir la peur au ventre…

Rédigé par opium

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